Damien Dumusois : “Envie de poursuivre”
A l’US Open, Novak Djokovic a échoué dans sa quête du Grand Chelem, contrairement à vous…
(sourire) Ça n’est pas tout à fait exact car il l’a réussi sur plusieurs années, comme moi, puisque je n’ai pas arbitré toutes les finales de Grand Chelem la même année (ndlr : Damien en compte 5 à Roland-Garros et une dans les 3 autres majeurs).
Plus sérieusement, avez-vous ressenti une atmosphère particulière ce dimanche soir à New-York ?
Complètement, depuis la chaise, on ressent la façon dont le public réagit ou pas. A un moment, il voulait assister à cet exploit historique, qui n’est pas arrivé. Donc les spectateurs ont pris partie pour Djokovic qui a eu l’air touché. L’ambiance était effectivement assez étrange avec cette possibilité de Grand Chelem calendaire. En même temps, les émotions des joueurs font partie de notre quotidien, on y a affaire presque tout le temps, même si là, elles étaient exacerbées par le contexte. De son coté, même si je ne suis pas sensé évoquer en détail les joueurs, Medvedev a été égal à lui-même, ça n’était pas une surprise non plus de le voir relativement calme.
Comment, avez-vous vécu cette finale avec tous ces enjeux (Grand Chelem, 21e titre pour Djokovic, 1er pour Medvedev…) ? Etiez-vous sous pression ?
Un petit peu, je ne vais pas prétendre ne pas y avoir pensé d’autant que les gens sont là pour nous le rappeler sans cesse. Mais ma première finale à Roland-Garros en 2012, c’était Nadal – Djokovic, deux monstres sacrés, l’Espagnol remportait alors son 7e titre à Paris et devançait Bjorn Borg. En 2020, Nadal s’est adjugé son 13e titre, établissant un record incroyable. Dans ces finales, il y a toujours une part d’histoire, un record à battre, une statistique folle. Donc en tant qu’arbitre, j’essaye de m’en détacher, de me concentrer sur le jeu.
Vous avez désormais arbitré toutes les finales de Grand Chelem au moins une fois…
Il paraît que je suis le premier Français à avoir fait cela. Je savais que Pascal (Maria) n’avait jamais arbitré la finale de l’US Open mais je pensais avoir égalé Bruno (Rebeuh). Celle qui conserve une saveur particulière reste Roland-Garros 2012 car c’était ma première et que le match s’était terminé le lundi. A Wimbledon, quand on dirige une finale on sait qu’il s’agit de la dernière, car un étranger n’en fait qu’une, une seule fois un non-Britannique en a dirigé 2.